top of page

MON GARÇON, MIKAL - Yvesline Brunache

Yves-Line Brunache

Mon mari et moi étions encore dans les premiers mois de notre mariage lorsque je suis tombée enceinte. On était heureux. Ma grossesse est belle et tout va bien jusqu’à ce que j’atteigne presque 5 mois. Je suis soudainement prise de douleurs intenses. Comme je souffrais beaucoup, je décide de me rendre à l’urgence pour en avoir le cœur net.


Inquiète, mal en point je dois passer la nuit à l’urgence. L’équipe médicale présente est convaincue que tout va bien. Toutefois, juste pour être certain, on me dit qu’une échographie sera faite le lendemain matin. Je n’oublierais jamais ce moment où ma vie a basculé. 


Comme prévu, dans la matinée, on m’amène à la salle d’échographie. Et c’est d’un ton détaché, absent d’émotion que la technicienne m’annonce que le col de mon utérus est presque effacé. Il est fort probable que je vais devoir être alitée jusqu’à la fin de ma grossesse. Bouleversée, la panique s’est emparée de moi et je sens les murs se refermer sur moi. Je devais maintenant contacter mon entourage, un à un, pour les informer de ma nouvelle réalité. Impossible pour moi de demeurer calme. Désemparée et effrayée, il m’est impossible d’expliquer mon désarroi à mes proches. 


Mes parents viennent me rejoindre à l’hôpital. L’équipe médicale me présente trois options :
1. On essaie de faire un cerclage. Le risque est élevé, car celui-ci risque de percer le sac
amniotique qui est déjà très bas.
2. On interrompt la grossesse.
3. On laisse le temps passer et on observe en souhaitant qu’étant complètement alitée, je puisse me rendre au moins à 26 semaines.


Toutes ses options sont aussi mauvaises et je ne suis pas certaine du meilleur choix pour moi.


Après avoir épuisé toutes mes larmes, je réalise que je dois me ressaisir. Je dois prendre ce que je considère la plus importante (et difficile) décision de ma vie. Notre foi est grande, mon mari et moi choisissons de nous y attacher comme une bouée de sauvetage. Peu importe ce qu’il va arriver, nous sommes chrétiens et nous faisons confiance à Dieu. Une fois notre décision prise, notre quotidien a changé et une nouvelle routine s’est installée. J’ai une mission à accomplir : celle de demeurer alité pour garder mon petit bonhomme. Eh oui, c’est un petit garçon ! Après de nombreuses filles, Mikal est le premier bébé masculin de la lignée Brunache. Papa et grand-papa sont aux anges. 

Comme chaque soir, mon mari est présent et nous soupons ensemble. Je me souviens encore de ce délicieux wrap aux légumes grillés ! Repas terminé, j’ai un chat dans la gorge qui provoque une toux et soudainement j’entends (et je sens) un splash dans mon entrejambe. J’ai crevé mes eaux. Je sais ce que cela veut dire. Ils ne vont pas tenter de sauver mon bébé. Mon fils, Mikal est né durant la nuit du 13 au 14 décembre 2013. Cette grossesse a transformé nos vies. 

Pour moi, ç’a été le déclencheur de plusieurs changements. J’ai fait un gros nettoyage dans mon entourage et je me suis éloignée des personnes qui ne pensaient qu’à eux. Je m’affirme beaucoup plus et je fais ce que j’ai envie de faire. Pour mon mari, les effets secondaires se sont fait sentir quelques années plus tard, après la naissance de notre première fille. C’est seulement à ce moment-là que la réalité de ce qu’il avait perdu l’a frappé de plein fouet. C’est important pour lui de toujours prendre le temps pour ses filles et tout ce qu’il ne pourra pas faire avec son prince Mikal, il veut le faire avec elles. 

 

Oui, on est conscients que ce qu’on a perdu est immesurable. Mikal est notre premier et unique fils, mais je lui ai donné la vie. Il n’a vécu que quelques secondes, mais j’ai tout de même donné la vie à ce petit être. C’est lui qui m’a forcée à apprendre à me connaître, me respecter et à devenir plus forte. Pour nous, c’est ce que Mikal représente : la force de caractère, le renouveau, le pouvoir qu’on acquière après la détresse et le désespoir. Dieu va toujours nous montrer la lumière.
 

Ayant un besoin grandissant de vouloir honorer à jamais sa mémoire, je me suis mise à la recherche de différents articles commémoratifs allant même à en créer. Je décide donc d’ajouter une corde à mon arc en voulant offrir une boutique qui a pour mission d’apporter aux parents ce réconfort qui m’a fait tant de bien. Ainsi, j’ai partagé ce beau projet avec une amie et de là est né Nos Petits trésors.

 

Yvesline B.

bottom of page